M. Fischler a réaffirmé que la Commission considérait les propositions avancées vendredi à Genève par l'Organisation mondiale du commerce comme "une bonne base" pour la recherche d'un compromis apte à relancer les négociations multilatérales du cycle de Doha, mais qu'elles n'étaient pas "parfaites". "Le Conseil a soutenu la Commission dans son intention de travailler à plein régime pour obtenir un accord d'ici la fin juillet et nous sommes aussi d'accord que le document-cadre (de l'OMC) est une bonne base", a-t-il déclaré à la presse après une réunion des ministres européens de l'Agriculture.
"Il y a clairement encore beaucoup à faire. De toute évidence, le document n'est pas parfait et nécessite des clarifications, en particulier sur notre objectif conjoint de réduire effectivement les subventions à l'exportation qui entravent le commerce", a-t-il ajouté. Il a précisé que le commissaire au Commerce Pascal Lamy, chef négociateur des Européens à l'OMC, et lui-même étaient arrivés aux mêmes conclusions lors d'une téléconférence en cours de journée avec leurs homologues des Etats-Unis, du Brésil, d'Australie et d'Inde. "Les cinq parties intéressées sont d'accord que le texte (de l'OMC) va dans la bonne direction, mais nous partageons aussi l'avis que beaucoup de travail reste à faire à Genève", a-t-il dit.
Le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard, dont le pays est opposé à l'élimination de ces subventions, avait auparavant appelé l'Union européenne à "ne pas accepter" les propositions avancées par l'OMC, que Paris juge "déséquilibrées". "Il faut que l'Europe arrête d'accepter de se laisser effeuiller comme un artichaut dans les négociations multilatérales", avait déclaré M. Gaymard. Il avait reproché à l'OMC d'avoir repris l'offre d'élimination des subventions agricoles à l'exportation avancée début mai par l'UE à la condition que ses partenaires fassent de même, sans l'assortir d'un tel préalable.
Il a notamment estimé que les propositions avancées à Genève ne comportaient aucun "engagement clair" sur la fin des crédits à l'exportation, une des principales formes de subventions à l'agriculture utilisées par les Etats-Unis. Le texte remis par l'OMC à ses membres évoque la disparition des "distorsions commerciales" provoquées par ces crédits, via une réduction à six mois des délais de remboursement.
Franz Fischler a réclamé pour sa part lundi soir un équilibre dans tout projet d'accord "entre les dossiers agricoles et les non-agricoles". Le commissaire a précisé que le sujet serait à l'ordre du jour de la réunion extraordinaire des ministres européens du Commerce lundi prochain à Bruxelles, à la veille du Conseil général de l'OMC à Genève, où les pays membres de l'organisation espèrent arracher au finish le fameux accord tant attendu.
Les négociations multilatérales du cycle de Doha, lancé en novembre 2001, sont dans l'impasse depuis l'échec de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun (Mexique) en septembre 2003. Un nouvel échec à la fin du mois à Genève entraînerait selon toute vraisemblance un report de l'échéance de fin 2004 pour boucler le cycle, en raison notamment des élections présidentielles américaines et du renouvellement de la Commission européenne début novembre. |